Résumé :
Dans ce travail, nous nous posons la question de savoir comment l’enfant aveugle accède aux déplacements. En effet, la vue d’un objet qui se trouve hors d’atteinte motive l’enfant voyant à se déplacer pour le saisir.
L’enfant aveugle, par contre, ne perçoit pas ces informations visuelles qui témoignent de la présence d’un objet dans un endroit défini de l’espace. Un objet sonore peut, certes éveiller l’attention de l’enfant aveugle, mais le son perçu n’est pas associé à l’objet qui l’émet et reste abstrait. Cette liaison n’est possible chez l’enfant aveugle qu’une fois que l’objet permanent est acquis (selon l’étape 4 de Piaget). Le son et l’objet ne font alors plus qu’un dans les représentations de l’enfant aveugle et prennent le statut d’élément concret, susceptible d’être rejoint et saisi. Pour être stimulé à se déplacer, l’enfant aveugle doit acquérir une représentation de l’objet et de l’espace qui subsiste au-delà de leur perception directe.
Pour l’enfant voyant, il n’est pas nécessaire d’avoir acquis une représentation des objets et de l’espace indépendante de ses perceptions pour ses premiers déplacements, étant donné que la vision lui transmet des informations stables et continues sur les objets et l’espace.
C’est l’accès à un flux sensoriel qui permet l’émergence des représentations nécessaires aux déplacements. Ces flux offrent à l’individu des informations continues et orientées, sur son corps et son environnement, qui sollicitent ses systèmes sensoriels et proviennent d’un endroit fixe de l’espace.
Comme l’enfant aveugle n’a pas accès aux flux visuels, il s’agit d’aménager le milieu humain et physique de telle sorte qu’ils lui procurent d’autres flux (tactile, auditif) et des stimulations adéquates. Pour cela, une prise en charge précoce, en collaboration avec les parents, nous semble nécessaire afin d’adapter l’environnement aux besoins et possibilités de l’enfant aveugle.