Résumé :
Pour l’ergothérapeute réadapter c’est redonner à la personne présentant des déficiences des possibilités d’interagir avec son environnement. Cette réadaptation s’effectue dans le contexte de vie de la personne et doit tenir compte de ses habitudes de vie. En fonction des capacités de la personne, l’ergothérapeute aménagera l’environnement social et physique afin d’optimiser ces interactions.
Pour les personnes présentant une tétraplégie au-dessus du niveau C5, les déficiences induisent une impossibilité d’agir physiquement sur leur environnement.
Notre expérience de terrain nous a permis de constater que l’activité de ces personnes n’était pas toujours corrélée au niveau d’incapacité. Nous avons émis l’hypothèse que ces personnes développaient une forme d’agir caractérisée par la transformation des actions en interaction du fait de l’obligation d’effectuer les tâches demandant une action physique sur l’environnement par l’intermédiaire d’un aidant.
Au travers de l’analyse de six récits d’expérience de personnes tétraplégiques nous avons pu décrire pour le comprendre cet agir que nous nommons agir interactionnel.
Ce travail d’exploration a dégagé une nouvelle problématique centrée sur le contenu de la relation aidé/aidant. La qualité de l’agir interactionnel est liée au mode de relation unissant les deux protagonistes. L’agir interactionnel pour être efficace doit mettre en œuvre une éthique de la relation.
Comprendre l’agir interactionnel de la personne tétraplégique est une condition essentielle pour définir une éthique de la relation où les deux protagonistes de la dyade aidé/aidant pourront dans un processus d’accompagnement réciproque définir mutuellement les conditions de l’action.