Consolation de l’inconsolable, Le partage et l’illusion

BERGES Laurent

Université Paris-Est Marne-la-Vallée

En partenariat avec le CFCPH de l’AP-HP

Master 2 de philosophie
Parcours « Éthique médicale et hospitalière appliquée »

Laurent Bergès

Responsable pédagogique : Eric Fiat

Année universitaire 2015-2016

Mis en ligne le dimanche 13 novembre 2016 à 17h27, par guihard

RÉSUMÉ

A la rencontre du malheur d’un homme, que ne ferait son semblable sinon sécher ses larmes, l’étreindre, le réconforter ? Une intention consolatrice qui dessinerait la praxis soignante sous des contours inattendus, ceux d’une blouse tombant entre philia et agapè. Avec les Anciens, mais surtout à la lecture de Hans Blumenberg et Michaël Fœssel, nous interrogerons la pertinence d’un entre-deux thérapeutique invitant au dépassement de la peine au travers du partage et d’un retour à la parole, là où l’homme affligé privilégierait le ressassement et le refuge dans une pensée souveraine. Vertu serait en effet prêtée au récit et à son écriture, une médiation dont nous ferons discussion. Se démarquant d’une vérité révélée, échouant sur notre incomplétude Ŕ n’est-elle pas, selon Stig Dagerman, « impossible à rassasier » ? Ŕ, la consolation se distingue autant par sa nécessité que par son illusion. Impuissant à guérir un homme inconsolable, le soignant-consolateur ne viendrait-il pas se rappeler à une même condition et y revisiter le motif originel de sa vocation ?

ILLUSTRATION DE COUVERTURE

(Frédéric PAJAK, encre de Chine pour le Manifeste incertain, Tome 1/4, 2012) Au fil de son roman graphique Manifeste incertain, Frédéric Pajak conduit une œuvre protéiforme naviguant entre les hommes, les lieux et une histoire de l’Europe au XXe siècle. Ecrivain-voyageur, il frotte ses impressions itinérantes sur les traces du passé. Il s’attache notamment à la personne de Walter Benjamin dont il relate les dernières années d’errance et de précarité contraintes, jusqu’à sa fin tragique à Port-Bou. En lui, il reconnaît un homme désenchanté semblant promis à la permanence du doute et à une inquiétude fondamentale. Mais le chemin nous mène aussi auprès de figures anonymes. Ici, deux hommes s’étreignent sans que nous sachions pourquoi ils se serrent, sans que nous puissions deviner qui de l’un console l’autre, à moins qu’ils ne se réconfortent tous deux. Ce geste d’amitié où le bras de l’un vient recouvrir l’épaule de l’autre illustre, mieux que les mots dont nous ferons usage, la générosité de l’homme dans l’adversité ; il nous donne à penser son besoin de consolation et sa capacité à consoler.

MOTS-CLÉS

Consolation, pensée, médiation, récit, vocation.

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